Faire revivre un temps les souvenirs des personnes disparues, c’est l’objectif que s’est fixé Melvyn Huellic durant ces vacances de Toussaint. Ce jeune Coudekerquois a donné 55 heures de son temps à l’entretien du cimetière communal et des tombes d’anciens combattants.
M. le Maire, David Bailleul explique :
« Cette initiative portée par la municipalité permet aux jeunes de la ville qui ne souhaitent pas faire leurs 55 heures de bénévolats auprès d’associations en échange du co financement du permis de conduire ( le passeport liberté: qui permet à plus de 80 jeunes coudekerquois chaque année de bénéficier d’un financement du permis) d’avoir une autre possibilité hautement SYMBOLIQUE. Nous sommes les premiers dans l’arrondissement de Dunkerque à avoir expérimenté ce chemin. Lors du vote de la délibération en septembre, je n’étais pas certain d’avoir des volontaires et… au contraire on en a déjà 4 !!!!!!!! dont le 1er Melvyn. Je suis très fier de vous les jeunes. »
Se courber entre les tombes pour arracher les mauvaises herbes. Gratter la mousse incrustée dans les pierres. Biner, balayer, ratisser, les allées du cimetière. « Je me suis dit que c’était parfait pour moi. » La mission n’a pas été acceptée par un passionné de jardinage, mais par Melvyn Huellic, 17 ans.
Une tâche qu’il a choisi d’effectuer durant ses vacances dans le cadre du Passeport liberté proposé par la ville depuis une dizaine d’années. Le contrat astreint à 55 heures de bénévolat pour un financement partiel du permis de conduire (lire ci-dessous).
« Contrepartie ou non, ce que je voulais initialement, c’était travailler, partage le jeune Coudekerquois, engagé pour deux semaines sur le cimetière de la commune. C’est une belle opportunité, je ne voulais pas rester sans rien faire. Je trouve que le travail est important, essentiel, spirituellement. Ça permet de prendre du temps pour les autres mais aussi pour soi-même. Quand je suis sur la tombe d’une personne défunte, c’est reposant, je sors du bruit, des tracas. Je ne réfléchis pas trop, je fais juste mon travail. »
Symbolique
Premier candidat à l’entretien des tombes et monuments gérés par les deux associations d’anciens combattants coudekerquoises, Melvyn « a vraiment compris le sens de la mission, la symbolique, on est ravi de son attitude », s’épate Dominique Decambron, conseiller municipal délégué aux commémorations patriotiques et à la réserve civile. Démonstration devant des concessions abandonnées en passe d’être reprises ou peu visitées : « C’est un hommage à des gens oubliés depuis plusieurs décennies. Je me dis qu’une personne décédée en 1945, a probablement ses enfants décédés aussi. Alors, pendant cinq-dix minutes, le temps du nettoyage, je me souviens d’eux, ils devaient avoir une histoire. »
Anthony Marteel, responsable des espaces verts, du fleurissement et du cimetière de la ville, le mobilise aussi sur les sépultures d’anciens combattants. « C’est la moindre des choses de s’en occuper, réagit Melvyn. Il y a beaucoup de tombes de soldats de la Première Guerre mondiale, beaucoup de jeunes, de 18-21 ans, toute une génération coudekerquoise qui a été sacrifiée. J’ai beaucoup de respect pour les militaires, le combat qu’ils ont mené et mènent encore. Je suis touché par ça, surtout dans une période de bouleversements comme on est en train de vivre, c’est important d’avoir une mémoire pour ceux qui se sont battus pour un idéal. »
S’il a « conscience que l’importance qu[’il] donne à tout ça est minoritaire » parmi son entourage, le Coudekerquois encourage ses camarades du même âge à endosser la mission. « Les gens sont à la fois curieux et satisfaits de me voir nettoyer. On dit que les jeunes ne font rien, mais… Quand on félicite mon travail, c’est toujours agréable. »
Un entretien sans fin
Les jeunes seront les bienvenus toute l’année pour assurer la propreté du cimetière. « Une fois toutes les zones terminées, on peut recommencer, assure Anthony Marteel. La nature revient, et on n’utilise aucun produit phytosanitaire. Il y a donc toujours du travail. » Et il n’y a pas que les mauvaises herbes à exterminer. À l’aide d’une pince perroquet, Melvyn doit parfois extraire des ronces, de grosses racines, ou tirer avec force sur du lierre bien installé.
L’entretien se concentre sur les allées et les espaces entre les rangées de tombes, à l’arrière de la stèle. Trois agents communaux sont mobilisés toute l’année sur le cimetière, entre la taille, la tonte, les plantations, l’arrosage, et surtout le désherbage.
Et en échange : 500 euros
Lancé en 2011, le Passeport liberté est un dispositif impliquant quatre parties : un jeune habitant, une association de la ville, la mairie coudekerquoise et une auto-école. « Pour 55 heures de bénévolat, 500 € sont directement versés à l’auto-école. Ce qui permet en général de passer le code », détaille Perrine Flandrin, responsable du service enfance, jeunesse.